Partez en vacances en Albanie, la perle des Balkans. Laissez-vous conter son héritage historique et culturel aux influences turques, rencontrez ses habitants fiers et accueillants, découvrez ses richesses patrimoniales.
Ouvrez les yeux, vous êtes en Albanie
Aujourd’hui la Plume Nomade s’envole en Albanie. Ce pays lové au bord de la mer Adriatique pourrait sans conteste postuler pour le titre de Perle de l’Europe. Eldorado des touristes qui cherchent soleil, mer et détente sans trop dépenser, cette ancienne dictature s’est libérée du joug communiste au début des années 1990. Beauté brute encore marquée par son passé, l’Albanie est bien loin de certains articles qui voudraient en dépeindre un portrait idyllique. Parlons de l’Albanie telle quelle est, douce et brutale à la fois, ancrée dans ses racines millénaires et tournée vers l’Occident. Désireuse de se faire une place au soleil de l’Union Européenne. Si vous cherchez des bons plans, procurez vous le Guide du Routard®, ah non ! Il n’existe pas ! J’ai donc opté pour le Petit Futé®, il est bien documenté. Dans cet article La Plume vous parlera de l’Albanie : de sa réalité et d’expériences vécues. Un vol France-Albanie c’est environ 2 heures et demie, il existe une compagnie low cost Wizzair qui propose des vols réguliers directs depuis l’aéroport de Beauvais pour Tirana. Le temps d’une sieste, d’une playlist ou d’un bon bouquin et vous y serez. Vous ne pourrez pas fermer les yeux et ne voir que plages paradisiaques, soleil méditerranéen et tout ce faste artificiel. Dès votre arrivée à Tirana vous observerez les habitants, shqiptare (prononcez chiptarl) et percevrez le désœuvrement dans lequel ils vivent aujourd’hui. Vous roulerez sur les routes craquelées et jonchées de nids de poule, bordées de maisons oranges, roses, jaunes à l’allure inachevée. Vos yeux se poseront sur les plaines morcelées, suivront le cours des rivières bordées de roseaux, se cogneront aux montagnes pelées. Si vous venez en Albanie les yeux et le cœur ouverts, vous ne pourrez en revenir indemne !
Pour l’entrée en matière c’est fait… Vous êtes encore là… alors bienvenue et en route pour la vraie Albanie, pas celle d'Instagram et de Liam Neeson !
L’Albanie et les albanais : la famille
Ah oui, j’allais oublier, j’ai la chance, c’est mon originalité à moi, d’avoir rencontré et épousé Dorjan [prononcer Doriane] qui est albanais. Pendant ces vacances nous nous promènerons en marge des grands itinéraires touristiques. Nous prendrons le temps de visiter le centre du pays autour de Berat. Notre voyage c’est la visite annuelle de Dorjan à sa famille. L’occasion pour moi de voir d’où vient mon mari. L’été permet les retrouvailles avec tous les cousins de passage et la famille encore ici. Elle est étendue cette famille, elle a des ramifications loin dans le monde. Les jeunes albanais las de ne pouvoir construire leur avenir ici s’envolent vers d’autres pays pour construire leur vie.
Sur la route, prudence ! Kujdes !
Le réseau ferré est quasi inexistant, les transports en commun inadaptés au tourisme. Cela nous prendraient une journée de voyage pour faire les 100 km qui nous séparent de notre objectif. Donc nous louons une voiture sur place. Je suis en possession du permis, mais franchement ici cela semble inutile d’avoir le fameux sésame rose ! Ah la route ! Ce lieu de partage, de courtoisie et d’expression des talents de l’humain ! Donc il faudra partager en bonne intelligence avec SUV BMW rutilants, camions vieillissants hors d’âge, berlines allemandes surannées, piétons kamikazes, vélos grinçants intrépides, charrettes mulo-tractée, chiens errants, Saint Christophe priez pour nous… Mais non, ici les saints ne sont pas d’une grande aide, on comptera plutôt sur le destin et un sens accru de l’anticipation ! On trouve aussi très régulièrement des marchands de fruits et légumes sur le bord des routes, de quoi faire une pause fraicheur !
Berat, la cité Unesco aux 1000 fenêtres
La famille réside pour partie dans le centre du pays, dans la région de Berat. C’est là que nous posons nos valises le temps de notre séjour. C’est l’occasion de découvrir la cité classée au patrimoine Mondial de l’Unesco. La ville aux 1000 fenêtres est connue pour sa citadelle perchée sur son piton rocheux. Y flotte fièrement l’emblème albanais : le drapeau rouge orné de son aigle noir à deux têtes. La vue de là-haut est imprenable sur la vallée, le mont Tomor et la rivière Osum. Nous visitons le musée ethnographique de Berat. Dorjan partage ses souvenirs, l’héritage du berceau en bois passé de bébé en bébé dans la famille. Les objets de la vie quotidienne utilisés par sa grand-mère Nëna, une belle manière de comprendre l’histoire d’un peuple et d’entrer dans l’intimité d’une famille.
42°C à l’ombre !
Il fait chaud, vraiment très chaud (août oblige), le mercure avoisine les 42°C. Pas habituée, je crois mourir par liquéfaction à chaque pas sur le trottoir. Nous trouvons souvent refuge à l’abris des terrasses qui diffusent de la brume pour rafraichir les clients désséchés. Donc là, entre ma conscience écolo et ma mort programmée par combustion instantanée je me suis dit : on est plus à ça près !
Une cohabitation religieuse pacifique
A Berat la mosquée et l’église orthodoxe se font face amicalement et tout à fait naturellement. Les albanais forcés d’abandonner leurs religions pendant la période de dictature communiste sont aujourd’hui libres de choisir et de pratiquer leur foi. Toutes les religions se côtoient en harmonie. Ici “toutes les croyances sont tolérées” (extrait du Petit Futé). Les communautés officiellement reconnues sont les sunnites (musulmans) , les chrétiens catholiques et les chrétiens orthodoxes.
Ecolo extrémistes, prenez sur vous !
La nature en Albanie est un joyau. Seulement, aujourd’hui et depuis des années, le combat des albanais c’est de survivre. Avec un revenu mensuel moyen par habitant aux alentours de 350 €, autant vous dire que la priorité c’est manger, trouver un toit et assurer le quotidien. Alors, mon besoin de propreté et ma conscience environnementale ont été heurtés. D’une part la gestion des déchets est quasi inexistante, mais en plus le plastique c’est fantastique, il y en a partout ! La caissière ne comprend pas que l’on refuse le sac qu’elle nous tend… C’est pourtant un service ! Les Albanais dans les campagnes n’ont pas accès à l’eau potable au robinet. Ils vont se ravitailler au camion citerne qui passe régulièrement. Par endroits le pétrole affleure dans les prairies. Il faut le voir pour le croire ! L’exploitation pétrolière mise en place dans les années 70 n’a pas été entretenue : les installations sont vieillissantes et le réseau mité. En conséquence les albanais payent le gazole plus cher que nous alors qu’ils en produisent. Par contre, quand on arrive à la pompe, on est servi par un pompiste, la classe !
L’art de Recevoir et d’Accueillir
Ce peuple, pudique, pas très bavard des sentiments est d’une gentillesse extrême. L’accueil est chaleureux, recevoir est un honneur, alors ils le font avec tout leur coeur. Nous sommes reçus en véritables invités, je dirais même comme des papes. La grappa, le café turc, les biscuits, les bonbons et les sodas sont dressés sur la table devant nous. On prend le temps de nous demander des nouvelles de tout : la santé, le travail, la famille française, et plusieurs fois, on trinque tour à tour à chaque personne présente dans la pièce « Gëzuar », à sa santé et pour que tout aille pour le mieux pour elle. On ne repart pas de chez les oncles et tantes sans quelque chose, le poisson pêché dans la rivière par Eneo le fils de la tante Xhevi, les melons de Tefta et Fetchor, ils n’ont rien ou pas beaucoup et pourtant, ils donnent avec plaisir et sans retenue ! Moi j’ai été un peu mal à l’aise de recevoir le plus gros morceau de poulet, alors que franchement, comme dirait ma mère “j’ai des réserves” !
4 mots pour débuter 🔑
Prononcer comme c’est écrit 😂 = bonjour
Prononcer [Guézouar] = joyeux : se dit quand on trinque, ou dans l’expression “joyeux anniversaire” : Gëzuar ditelindjen
Prononcer [faléminedérite] = merci, peut s’accompagner de “shüme” [choume] avant ou après = beaucoup
Prononcer [Miroupafchime] : aurevoir
Joyaux architecturaux et historiques, de l’Antiquité à l’Epoque moderne
Pour étancher ma soif de patrimoine culturel et naturel nous avons visité :
- le site archéologique d’Apollonia d’Illyrie (cité antique remarquablement bien conservée),
- le lagon de Karavasta classé parc national et zone humide d’importance internationale par la convention Ramsar où j’ai pu apercevoir des pélicans et des flamands roses, 🦩
- le monastère orthodoxe d’Ardenica qui présente des fresques splendides et
- en fin de séjour à notre retour à Tirana nous avons visité la Maison des Feuilles, musée qui retrace l’histoire de la police politique pendant la période communiste, saisissant d’horreur !
Tous ces lieux racontent une part d’Albanie, à leur manière ils permettent de comprendre un peu plus le pays et son histoire.
Et du côté de l’assiette ?
Ici on consomme local, pas difficile puisque l’Albanie est un pays méditerranéen au climat doux et humide qui vit en grande partie d’agriculture et de production maraichère. L’occasion de faire une cure de shalqin (prononcer Chalchine = pastèque), de domate (tomate), de salator (concombre) et autres légumes estivaux accompagnés d’huile d’olive fabriquée par Fadil et Flora, mes beaux-parents ! J’ai bien aimé le byrek (prononcer burèque), superposition de couches de pâte (type filo) garnie de farce soit à la viande, soit aux oignons et tomates, soit épinards et feta, il en existe de diverses sortes que j’ai toutes appréciées ! Les viandes sont grillées (surcuites, pour une amoureuse de la viande saignante c’est une hérésie !) et servies accompagnées de légumes grillés à l’huile ou de crudités le plus souvent présentées en « salade grecque » mais ne le dites pas comme ça, la rivalité Albanie Grèce est perceptible jusque dans l’assiette !
Revenir et regarder à nouveau…
Vous l’aurez compris, j’ai découvert l’Albanie dans un contexte qui n’est pas seulement celui de vacances. J’ai eu l’occasion d’y aller plusieurs fois et je découvre un peu plus à chaque nouvelle visite, j’apprends de nouveaux mots, d’ailleurs je me sers de l’application Bluebird Albanian®. Il y a toujours ce petit temps d’adaptation, se laisser accueillir par les albanais c’est aussi laisser faire et recevoir. Je suis toujours étonnée de voir qu’ils sont heureux qu’une étrangère s’intéresse à leur culture et apprend leur langue ou les quelques mots de débutant. A chaque fois, je suis un peu plus heurtée et en même temps enrichie. Je ne reviens jamais indemne, il faut toujours ce temps de réadaptation ici. Parce qu’embrasser une culture c’est aussi ouvrir les yeux sur ses traumatismes et les accueillir. Est-ce que c’est ça voyager durablement ? Est-ce que ça pourrait devenir ça, revenir, rencontrer, regarder à nouveau sans juger…
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Magnifique texte qui donne bien envie de visiter l’Albanie. Quelle sensibilité dans tes mots !
Bravissimo.
Merci pour ce message encourageant ! 😀
Magnifique prescription Un vrai observation d’un professionnel’
Merci Lucio !